5.5. AUTRES PETITS CHANTIERS DE FOUILLE

(dernière mise à jour de cette page : 11 mai 2020)

SOMMAIRE
1 — À Aix, sur le terrain de la nouvelle école d’art, rue Émile Tavan (1974)
2 — À Aix, sur le domaine La Thébaîde, près du lieu-dit Les Mourgues (1978-1979)
3 — À Oppède, Vaucluse, sur le domaine de Saint-Antonin (1981)
4 — À Aix, au collège Campra (1984)
5 — À Lançon-Provence (BdR), découverte d’une sculpture gauloise (1978)

Abréviations

CAG = Carte archéologique de la Gaule.
DRAH = Direction Régionale des Antiquités Historiques (devenue aujourd’hui le Service Régional de l’Archéologie).

1 — À Aix, sur le terrain de la nouvelle école d’art, rue Émile Tavan (1974)

En juin 1974, sous la direction de Guy Bertucchi, membre de la DRAH, J.-L. Charrière participe à des fouilles d’urgence sur le chantier de construction de la nouvelle école d’art, entre la rue de la Molle et la rue E. Tavan. On repère et dégage en partie deux mosaïques antiques blanches à bordure noire. Puis en octobre J.-L. Charrière intervient seul en urgence sur ce chantier pour photographier, mesurer, dessiner et essayer de sauver une troisième mosaïque à décor géométrique complexe noir et blanc qu’un bulldozer est en train de démolir. Il dessine aussi un plan sommaire d’autres vestiges apparus sur le chantier et prend des photos. Un rapport est remis à la DRAH en 1975.

Mosaïque découverte en 1974 lors de la construction de l’école d’Arts, rue E. Tavan (photo Charrière).

Cette découverte sera signalée dans la revue Gallia, tome 35, 1977, fascicule 2, p. 512 et dans l’Atlas topographique des villes de Gaule méridionale, vol. 1, Aix-en-Provence, 1999, p. 53, article 19.

En 1986, alors que M. Henri Lavagne prépare la publication volume III, 3, (consacré à la partie sud-est de la province romaine de Narbonnaise) du Recueil général des mosaïques de la Gaule, J.-L. Charrière lui envoie un rapport très détaillé sur cette mosaïque à décor géométrique. Cette découverte sera publiée de façon résumée dans ce volume paru en 2000, p. 215-216, article 742 et planche LXX.

2 — À Aix, sur le domaine de La Thébaïde, près du lieu-dit Les Mourgues (1978-1979)

En fait nous souhaitions effectuer un sondage sur le site des Mourgues connu depuis la fin du XIXe s. Il s’agit d’un petit habitat plusieurs fois prospecté et qui a livré de la céramique antique. Mais le propriétaire du terrain, sollicité en mai 1978, ne nous donna pas son autorisation. Sur ce site et ses environs, voir la CAG, vol. 13/4, 2006, p. 462-463, articles 477*, 478*, 479*. 

Mais comme le secteur à l’ouest des Mourgues est signalé pour contenir divers vestiges, nous prîmes contact avec le propriétaire du terrain situé immédiatement à l’ouest de la colline des Mourgues, M. Paira, qui nous accueillit très favorablement. Son terrain, bordant du côté nord la route D17, était parcouru par de grosses murailles en partie construites avec de très gros blocs qui nous intriguaient et nous obtînmes une autorisation de sondage. Nous commençâmes les travaux en octobre 1978 et les pousuivîmes jusqu’à la fin de novembre ; nous les reprîmes en mai 79 et les arrêtâmes définitivement en juin.
Malheureusement le résultat fut totalement négatif pour l’Antiquité. Nous pûmes toutefois repérer deux bories (cabanes en pierre sèche), une borne limite (déplacée) gravée d’une croix potencée et de la date 1738 et une petite chapelle ruinée, en partie troglodytique.

Aix, La Thébaïde (route d’Éguilles), plan d’une chapelle en partie ruinée, 1979.

3 — À Oppède, Vaucluse, sur le domaine de Saint-Antonin (1981)

En novembre 1981, un agriculteur du village d’Oppède (84), M. André Rousset, fils d’une adhérente de l’association, découvrit, en creusant une tranchée dans un champ de vigne pour essayer de capter de l’eau, un grand objet en plomb. Il signala cette découverte à sa mère qui en informa J.-L. Charrière, lequel la signala à la DRAH. Peu après quatre membres de notre équipe se rendirent sur place : M. Dalaudière, S. Decoppet (qui rédigea le rapport de fouille envoyé peu après à la DRAH), J. Pillement et M.-L. Mesly-Rousset, mère du propriétaire.

Le propriétaire avait continué à dégager l’objet partiellement et on voyait qu’il avait l’apparence d’une cuve. Nos quatre adhérents décidèrent de poursuivre le creusement avec précaution. Le fond de la cuve fut atteint à 1,30 m de profondeur. Ce fond se présentait sous la forme d’une plaque de plomb sur le pourtour de laquelle avaient été rabattus puis brasés les bords inférieurs des parois ; ce jointement assurait une étanchéité parfaite. Les parois latérales avaient été un peu déformées par la poussée des terres ; leurs bords supérieurs étaient rabattus vers l’extérieur et par endroits déchiquetés, sans doute du fait des labours. Le dégagement resta incomplet (il fallait préserver un pied de vigne) mais il fut possible de mesurer la longueur de la cuve (1,50 m), sa largeur (0,90 m), sa profondeur (0,60 m) et l’épaisseur des parois (0,5 cm).
Ces dimensions sont un peu approximatives à cause des déformations de la cuve. Elles excluent qu’il s’agisse d’un sarcophage et fond plutôt penser à un réservoir et le mobilier laisse supposer qu’il date de l’époque romaine, d’autant plus que les mesures correspondent à des multiples du pied romain. Par la suite cette cuve fut remplie de déchets puis peu à peu recouverte de terre.

Oppède (84), domaine St-Antonin, découverte d’une grande cuve en plomb, 1981 (photo Rousset).

Le mobilier recueilli était composé de débris de céramiques variées (détaillés dans le rapport de fouille rédigé par S. Decoppet), de fragments de plaques de terre cuite, d’un fragment de plaque de marbre blanc et de quelques ossements qui furent par la suite montrés à un médecin qui les identifia comme provenant d’un animal.

Le site, sur la rive gauche du Calavon, se trouve à proximité de la voie Domitienne. Le propriétaire du domaine a recueilli sur ses terres au fil des années de nombreux objets antiques dont les plus anciens remontent au néolithique.

4 — À Aix, au collège Campra (1984)

Le 18 avril 1984, après en avoir obtenu l’autorisation de la directrice, Mme Voilley, J.-L. Charrière va au collège Campra, sur le côté est de la rue P. et M. Curie, pour examiner une mosaïque antique découverte pendant la 2e guerre mondiale dans une cave désaffectée proche de la rue Loubet. Aidé de Mr Cristofini, agent de service, Charrière nettoie le sol (en partie couvert d’un carrelage moderne) et la fait apparaître. Elle est ornée d’un décor géométrique alors que la description faite par R. Ambard peu après la découverte la disait blanche (cf. revue Gallia, tome 6, 1948, p. 209 et tome 44, 1986, p. 387).
Les côtés de cette mosaïque sont orientés nord-sud et est-ouest, ce qui laisse supposer que la pièce antique qu’elle ornait et par suite l’ensemble de la maison suivaient la même orientation. Et ce n’est pas l’orientation du plan urbain antique dans le quartier situé à l’ouest de la rue P. et M. Curie. Il est donc vraisemblable qu’il existait une ligne de rupture du plan urbain entre les deux quartiers, ce qui s’accorde très bien avec l’existence vraisemblable de l’enceinte romaine le long de la rue P. et M. Curie.

Mosaïque antique dans une cave du collège Campra, rue Pierre et Marie Curie à Aix, partiellement dégagée en 1984 par des membres de l’association (photo Charrière).

Le 29 mai, Guy Bertucchi, de la DRAH, vient examiner la mosaïque et pense qu’il serait bien de la faire classer « monument historique ». Charrière contacte alors M. Proubé, de l’agence locale des Bâtiments de France, qui vient examiner les lieux le 6 juin et souhaite plus d’informations. Le 16 juillet, Charrière et M. Dalaudière reviennent continuer le nettoyage. Ils creusent six tout petits sondages pour essayer de repérer les dimensions de la mosaïque et avoir une petite idée de ce qui l’entoure. Ils prennent des mesures, Charrière dessine un plan et rédige un rapport qu’il transmet à M. Proubé qui dit qu’il va constituer un dossier pour le classement. Le 28 novembre, Charrière transmet à la directrice du collège une copie du rapport remis à la DRAH. Mais les choses en resteront là.

Vers la fin du mois de septembre 1986, M. Henri Lavagne, qui prépare la publication volume III, 3, (consacré à la partie sud-est de la province romaine de Narbonnaise) du Recueil général des mosaïques de la Gaule, demande à J.-L. Charrière, pour publication, des documents sur cette mosaïque. Il les lui envoie et la mosaïque sera publiée dans cet ouvrage en 2000, p. 284-285, article 855, et planche XCII. Auparavant, le 11 avril 1991, Charrière avait fait visiter la mosaïque à H. Lavagne et Nuria Nin, archéologue municipale. Cette mosaïque a aussi été publiée dans l’Atlas topographique des villes de Gaule méridionale, vol. 1, Aix-en-Provence, 1999, p. 86, article 17.

5 — À Lançon-Provence (BdR), découverte d’une sculpture gauloise (1978)

Bien qu’il ne s’agisse pas d’une fouille, il a paru bon de signaler ici une découverte fortuite importante faite le 6 septembre 1978 sur le domaine de Calissanne à Lançon-Provence (13), près de la rive nord de l’étang de Berre. 
Ce jour-là, plusieurs membres de l’équipe de fouille étaient allés visiter l’oppidum de Constantine (S. Decoppet, M.-L. Mesly-Rousset, M. Dalaudière, J. PIllement et J.-L. Charrière). En redescendant vers la ferme de Calissanne, Charrière aperçoit dans un champ, près d’un pierrier, un bloc de pierre qui retient son attention. Il l’examine et se rend compte que c’est un morceau de statue gauloise représentant un torse d’homme du type des statues de Roquepertuse. Avec l’autorisation d’un contremaître de Calissanne, le bloc est transporté chez Charrière pour examen. 

Fragment de statue gauloise (torse d’homme) découvert en 1978 sur le domaine de Calissanne à Lançon-Provence, BdR (photo Foliot CCJ, CNRS).

Peu après Charrière écrit au régisseur du domaine pour demander l’autorisation de déposer ce fragment de statue au musée Granet mais n’obtient pas de réponse. Il envoie une nouvelle lettre en 1979, sans réponse également. Une copie de ces deux lettres est alors envoyée à Louis Malbos, conservateur du musée Granet, et à François Salviat, directeur des Antiquités Historiques de Provence. Cette sculpture sera déposée au musée Granet le 1er août 1980, ce don ayant dû attendre la réouverture du musée après de longs travaux de rénovation. Le nouveau conservateur du musée, Denis Coutagne, envoie un reçu de ce dépôt à Charrière le 20 août 1980. 

Charrière a publié sur cette découverte un article intitulé  Un torse préromain découvert près de l’oppidum de Constantine (commune de Lançon, B. du Rh.), paru dans la revue Documents d’archéologie méridionale n° 3, 1980, p. 159-162. Disponible en ligne sur : https://www.persee.fr/doc/dam_0184-1068_1980_num_3_1_899
Un article analogue sera inséré plus tard dans l’ouvrage collectif Archéologie d’Entremont au musée Granet (publication dirigée par Denis Coutagne), musée Granet, 1987 (réimpression en 1993).

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